ARTICLE 1 : "La Réalité des Métiers d'Educateur et Comportementaliste Canin".

Publié le 16 novembre 2024 à 13:38

Depuis quelque temps, on assiste à un véritable engouement autour des métiers d’Éducateur et/ou Comportementaliste Canin. Si vous lisez ces lignes, c'est sans doute que vous aimez les chiens et peut-être même que vous envisagez d'exercer ces professions. Travailler avec les chiens semble naturel, d'autant plus que la plupart des gens en ont, et peut-être en avez-vous toujours eu. D'autant plus que des formations en ligne existent, souvent de courte durée.

Néanmoins, ces métiers sont souvent idéalisés par manque d'informations justes, claires et transparentes. Le but de cet article n'est pas de vous décourager mais de vous exposer la réalité du métier, du terrain, pour éviter les erreurs, les déceptions, voire les désillusions dans votre parcours.

Travailler avec les chiens, c'est merveilleux, fantastique ! C'est rentrer chez soi couvert de poils, de boue, de bave. Cependant, aimer les chiens ne suffit pas. Être Éducateur ou Comportementaliste Canin, c'est travailler avec les chiens, mais aussi, et surtout, avec leurs humains. Il faut aimer ces humains, les accepter, et avant tout, être à leur écoute sans jugement.

Il est nécessaire d'avoir une solide formation théorique, complète et régulièrement mise à jour, ce qui demande un investissement en temps, en énergie et en argent non-négligeable. Il faut également s'efforcer d'acquérir de l'expérience pratique, parfois en tant que bénévole au début.

En tant qu'Éducateur ou Comportementaliste Canin, il est important de créer un réseau, d'avoir des connaissances solides dans le domaine canin, ainsi que des compétences pédagogiques, car en réalité, nous formons les maîtres.

Être Éducateur ou Comportementaliste Canin, c'est rencontrer des chiens "bien dans leurs pattounes" mais pas seulement. C'est aussi voir des chiens peureux, frustrés, agressifs, brisés. C'est faire face à des histoires personnelles compliquées, voire tragiques. C'est faire face à des maîtres fabuleux, mais plus souvent désespérés ou en colère. C'est donc aussi être parfois témoin de détresse émotionnelle profonde (canine comme humaine), de négligence, de maltraitance, d’abandon, et quand on est émotionnellement impliqué, c'est (très) difficile à gérer.

Être Éducateur ou Comportementaliste Canin, c'est souvent être indépendant, avec tout ce que cela implique d'avantages et d'inconvénients, car les débouchés sont extrêmement rares. Ce n'est pas "gagner de l'argent facilement". Être indépendant, surtout dans un "métier-passion", c'est ne pas compter ses heures. Comme c'est un métier de service, il est parfois compliqué de séparer sa vie privée de sa vie professionnelle, ce qui peut être parfois prenant, émotionnellement parlant.

Être Éducateur ou Comportementaliste Canin, c'est parfois travailler sous la pluie, dans le froid, se lever tôt lorsqu'il fait trop chaud pour les chiens, et c'est souvent travailler en décalé (soirées et/ou week-ends). C'est posséder une panoplie de qualités humaines telles que l'écoute active, le non-jugement, l'empathie, la compassion, le respect, la bienveillance.

Il s'agit aussi d'un engagement personnel et moral en se promettant de se tenir informé car les sciences cognitives et animales sont en constante évolution. C'est faire preuve de discrétion lorsque l'on se retrouve exposé à certains détails de la vie privée des clients, c'est savoir se remettre en question, développer son esprit critique et reconnaître ses propres limites afin de pouvoir référer à un autre professionnel de confiance en cas de nécessité.

Dans notre monde actuel, être Éducateur ou Comportementaliste Canin à son compte, c'est également être exposé à la critique et en quelque sorte avoir plusieurs casquettes : secrétaire, comptable, gestionnaire de réseaux sociaux, parfois graphiste, photographe ou encore vidéaste.

Dernier point mais pas des moindres, les métiers d’Éducateur ou Comportementaliste Canin ne sont pas (encore) reconnus en Belgique, c'est pourquoi n'importe qui peut se proclamer, du jour au lendemain, "Professionnel du Chien" (même la dénomination de la profession n'est pas officielle). Il est donc parfois difficile de se sentir légitime dans ce milieu souvent biaisé et de s'y faire une place. La profession n'étant aucunement réglementée, on voit fleurir sur le marché de plus en plus de "Professionnels", trop peu ou carrément mal (voire pas du tout) formés. C'est pourtant indispensable afin de pouvoir apporter des solutions fiables, mais surtout respectueuses et durables, aux binômes que l'on accompagne.

En résumé, être Éducateur ou Comportementaliste Canin, c'est hyper enrichissant et c'est une sacrée aventure, mais ce n'est loin d'être toujours "tout beau, tout rose". Bonne chance !

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***Article rédigé par Truffes&Coussinets pour CANIFED - Année 2023***

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